Veau

Vidéoprojection sur écran tissu, 2015, 150 x 200 cm, format vidéo 4:3, PAL, couleur, muet, 3 minutes. Crédit photo : Mario Baux-Costesèque.

Ce veau nouveau-né est dans un entre deux mystérieux. Il cherche encore son centre équilibre. Il semble débarqué d’ ailleurs et explore le monde qu’on lui propose. Une tension se créée entre son regard et la prégnance de la grille. C’est un rapport au monde animal partagé entre attendrissement et violence tranquille.

Exposition

- Exposition collective, Janus 31, CRAC Alsace, 2015, Altkirch (58).
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Référence associée

. Philippe Descola, La composition des mondes, Entretiens avec Pierre Charbonnier, Flammarion, Paris, 2014, p.201-202.

« J’ai été très influencé par André-Georges Haudricourt, auquel j’ai déjà fait référence, et particulièrement par son article « Domestication des animaux, culture des plantes et traitement d’autrui ». Dans ce très bref texte*, Haudricourt contraste deux types d’action sur les humains et les non-humains ou, pour reprendre son langage, deux formes de traitement de la nature et d’autrui. D’un côté ce qu’il appelle "l’action directe positive" et de l’autre "l’action indirecte négative", qui correspond à des techniques agraires, à des formes d’élevage et à des conceptions de l’autorité politique qu’il considère comme profondément opposées. Le premier type d’action est celui des céréaliculteurs, c’est-à-dire pour lui essentiellement des sociétés européennes (…) Les plantes sont traitées en bloc et avec brutalité, puisqu’on doit retourner le sol avant de planter, après quoi on scie la gerbe avec une faucille, pour ensuite dépiquer le grain en le battant (…) L’ensemble des étapes de la mise en culture et de la récolte est donc constitué d’opérations qui interviennent directement, et si l’on peut dire violemment, sur le végétal appréhendé comme un collectif. Cela contraste avec le traitement individualisé des plantes que l’on constate dans l’aire mélanésienne, qui lui était familière, et où la culture de l’igname demande que l’on réserve à chaque plant un espace dans lequel il va pouvoir se développer de lui-même. On travaille donc moins sur la plante que sur son environnement, de façon à lui donner toutes les conditions de son épanouissement : c’est ce qu’il appelle une « amitié respectueuse » vis-à-vis de la plante et qui définit ce rapport d’action indirecte avec les espèces domestiquées. »
*A.G Haudricourt, « Domestication des animaux, culture des plantes et traitement d’autrui », L’Homme, vol.2, n°1,1962, p.40-50.